Page:Flaubert - Théâtre éd. Conard.djvu/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Paul.

Comment, ma mignonne, tu ne m’avais pas oublié ! Tu pensais à moi ?

La mère Thomas.

Si elle y pensait, bonté divine ! Figurez-vous que depuis cinq ans elle parlait de vous continuellement : « Où est-il ? Quand reviendra-t-il ? » Elle demandait de vos nouvelles à tous les rouliers qui passaient, et quand le vent soufflait sur le lac, elle avait peur pour votre navire.

Le père Thomas, voulant chasser Jeanne qui s’est rapprochée.

Ça ne te regarde pas. À l’ouvrage !…

Paul.

Comme tu as grandi ! Te voilà une belle fille, maintenant ! Veux-tu que je t’embrasse ?

Elle baisse la tête.
Dominique.

Avance donc, nigaude !

Jeanne, présentant son front timidement, et d’une voix émue.

Vous allez partir ?

Paul.

Oui, chère petite. Il le faut !

Il l’embrasse.
Jeanne, se tournant vers son frère.

Adieu aussi, toi !

Se tournant vers le père et la mère.

Car il suit Monsieur ! Il me l’a promis !