Page:Flaubert - Théâtre éd. Conard.djvu/239

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Il la remet sur le lit, et en voit une seconde à côté.

Une autre !…

Paul.

C’est pour toi alors ?… Prends-la !

Dominique endosse vivement sa pelisse, en relève le collet
et croise ses mains sous les manches. À part.

Je serai un peu calé là dedans ! Hein ? on aura l’air d’un ambassadeur russe !

Paul, frappant du pied.

Allons, hâte-toi ! Je veux m’élancer par le monde, courir au but, l’atteindre. Viens ! viens !

Dominique.

Oh ! nos paquets ne sont pas longs à faire. Me voilà !… Adieu, petite sœur !

Jeannette, d’une voix entrecoupée par un sanglot.

Adieu !

Paul, qui a mis son chapeau sur sa tête et sa pelisse sur son bras,
s’arrête sur le seuil, au bruit d’un grand sanglot de Jeannette.

Ah ! de la sensibilité, plus que je ne croyais. Eh ! c’est pour son frère.

Ils sortent.

Scène VI.

JEANNETTE, seule.

Partis !… Et je ne sais plus où, cette fois !… Très loin !… Il me semble pourtant que, pendant un moment, il m’a offert d’aller avec lui, là-bas ! Mais non, puisqu’il m’abandonne, qu’il me dédaigne !… Ah !