Page:Flaubert - Théâtre éd. Conard.djvu/246

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La foule.

Vive le Roi !

Couturin.

Il nous faut, suivant l’usage, établir les modes de la saison.

Tous, avec vivacité et se démenant.

Voyons ! quelles couleurs ? combien de mètres ?

Couturin.

Un instant ! Il est d’abord indispensable de rappeler les principes.

Graisse-d’Ours.

Rappelez !

Couturin.

Or c’est une vérité reconnue, mes colombes, que vous êtes naturellement hideuses !

Les dames, scandalisées.

Ah ! ah ! l’abomination !

Couturin.

Oui, fort laides !… Silence ! Vous ne mettrez pas en doute, j’imagine, la supériorité du factice sur le réel ? C’est l’Art seul, déesses, qui vous fournit tous vos charmes. — Ne craignez rien, je suis discret. — Mais vous conviendrez que l’on est amoureux de la robe et non de la femme, de la bottine et non du pied ; et si vous ne possédiez pas la soie, la dentelle et le velours, le patchouli et le chevreau, des pierres qui brillent et des couleurs pour vous peindre, les sauvages mêmes ne voudraient pas de vous, puisqu’ils ont des épouses tatouées !

Il se rassoit.