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Couturin.

Espérons-le !

BALLET.

Sur un signe que fait Couturin, les officiers de sa cour se précipitent de droite et de gauche : les uns vers les champignons qui portent des costumes, les autres vers les étoffes du fond, ceux-ci vers les marabouts, ceux-là vers l’arbre à peignes, etc. ; et ils s’empressent d’habiller Jeanne et de la maquiller. Cependant le fond et les deux côtés du théâtre changent, et représentent du haut en bas les rayons d’un gigantesque magasin de nouveautés, plein de garçons servant des dames.

Couturin est placé au premier plan à droite, étalé, seul, sur une petite causeuse dans une pose méditative et en train de prendre des notes.

Les garçons de magasin habillent des dames du monde.

Quelques-unes viennent s’adresser à Couturin, qui leur répond, par trois fois :

Laissez-moi ! Je compose !

Couturine leur sert du thé, sur un petit guéridon, placé près de Couturin.

À de certains moments, le mouvement s’arrête et il se fait un grand silence. Alors Couturin, un lorgnon dans l’œil, passe toutes les femmes en revue et les rajuste, abaisse ou rehausse leur décolletage d’un geste brusque, puis lève les épaules et crie :

Non, pas ça, c’est vieux ; autre chose ! vivement !

Jeanne doit toujours former le centre du groupe principal. À la fin, toutes les dames, y compris la Reine, qui ont suivi progressivement les mêmes changements, se trouvent habillées comme elle, d’une façon riche et extravagante.

Couturin.

Restons-y au moins une demi-heure ! C’est très beau !

Satisfaction générale exprimée par des soupirs ; mais tout à coup Couturin considère Jeanne, et, défaisant avec rapidité sa toilette :

Oui ! décidément, ceci me déplaît ; et cela aussi !… Autre chose… Allons ! vite !

Jeanne se trouve dans un costume d’un goût simple et exquis.

Maintenant, seigneurs et seigneuresses, parfumeurs