Page:Flaubert - Théâtre éd. Conard.djvu/269

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Le grand pontife, d’un ton familier.

Vous vous engagez, n’est-ce pas, comme par le passé, à ne faire que des petites recherches innocentes, qui ne troublent rien ?

Tous les savants levant les mains.

Oui ! oui ! N’ayez pas peur ! Nous le jurons.

Le grand pontife.

Cela suffit ! — Venez maintenant, vous, talents honnêtes qui charmez nos soirées de famille. L’art étant fait pour récréer, vous nous récréez. Allons !

Les poètes comiques étendent tous la main vers le pot-au-feu,
en faisant :

Cocorico !

Ricanements dans l’assemblée.
Le grand pontife, souriant aux épiciers qui l’entourent.

Encore un peu d’excentricité dans la forme ; mais les intentions sont si pures !

Il frappe avec son écumoire sur le pot-au-feu
pour réclamer l’attention.

Un dernier mot, Messieurs, à la Jeunesse, au printemps de la vie.

Sur un signe qu’il leur fait, les collégiens s’approchent
avec leurs accordéons sous le bras.

Approchez, Éphèbes, approchez ! Jeunes gens, notre espoir, vous allez entrer dans l’âge des passions ! Prenez garde, c’est comme si vous pénétriez dans une poudrière ; la moindre étincelle, tombant sur vos cerveaux, peut faire sauter l’édifice ! On a eu soin d’écarter de vous toutes les torches, je le sais : n’importe ! Il n’en faut pas moins se défier des ardeurs du sang et de l’imagination ; elles ne produisent que des crimes et des folies ! ou plutôt, utilisez vos vices !