Page:Flaubert - Théâtre éd. Conard.djvu/296

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Le Roi remet le papier au nain resté près du trône.

Cours !

Le nain se précipite à droite par la portière,
en riant à gorge déployée.

Eh ! eh ! il est d’humeur folâtre, ce bouffon !

Jeanne, se tordant les mains.

Miséricorde de Dieu ! si j’avais su tout cela… !

Le Roi des gnomes, à part.

Nous la tenons ! Elle a été coquette, puis stupide ; elle devient cruelle ! C’est complet !

Cris de joie et applaudissements au dehors.

Ton peuple te remercie, ô reine !

Jeanne.

Mais un grand bruit de pas se rapproche !…

Les voix, de plus près.

La mort ! la mort !

Le Roi, tout en remontant jusqu’au fond, au delà des trois marches,
contre la grande baie du milieu.

C’est qu’il vient lui-même jusqu’ici, pour aider à tes bourreaux et jouir de ton aspect trois fois saint. Entrez !

Alors s’avance par la galerie d’abord le nain général, puis derrière lui des nègres portant sur leur épaule le bout d’une énorme chaîne qui attache Paul et Dominique. Un flot de peuple les accompagne.

Tout ce cortège, avec le nain en tête, descend les marches de l’escalier et se déploie au fond contre le petit mur de la galerie, laissant au premier plan Paul et Dominique en haillons, très pâles, les yeux hagards, tandis que le Roi des Gnomes reste sous l’arcade du milieu et que les géants en robe noire, dominant par derrière la multitude, se tiennent toujours immobiles devant les stores dorés.