Page:Flaubert - Théâtre éd. Conard.djvu/30

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le dernier, vous le connaissez, il tapisse. Si bien que l’existence n’est pas drôle dans le castel, où la pluie vous tombe sur la nuque par les trous du plafond. Mais on fait des projets, et de temps à autre, — les beaux jours, ceux-là, — on s’encaque dans la petite voiture de famille disloquée, que le papa conduit lui-même, pour venir se refaire à l’excellente table de ce bon M. Rousselin, trop heureux de la fréquentation.

Rousselin.

Ah ! vous allez loin ; cet acharnement…

Gruchet.

C’est que je ne comprends pas tant de respect pour eux, à moins que, par suite de votre ancienne dépendance…

Rousselin, avec douleur.

Gruchet, pas un mot de cela, mon ami ! pas un mot ; ce souvenir…

Gruchet.

Soyez sans crainte ; ils ne divulgueront rien, et pour cause !

Rousselin.

Alors ?

Gruchet.

Mais vous ne voyez donc pas que ces gens-là nous méprisent parce que nous sommes des plébéiens, des parvenus ! et qu’ils vous jalousent, vous, parce que vous êtes riche ! L’offre de la candidature qu’on vient de vous faire, — due, je n’en doute pas, aux manœuvres de Bouvigny, et dont il se targuera, — est une amorce pour happer la fortune de votre fille. Mais comme vous pouvez très bien ne pas être élu…