Page:Flaubert - Théâtre éd. Conard.djvu/322

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En avant ! Dans une entreprise pareille, l’existence d’un seul homme n’est rien, puisqu’il s’agit de tous les autres.

Alors retentit un immense éclat de rire, un bruit de foule. Toutes les fenêtres et toutes les portes du château s’ouvrent avec violence. Il y a douze fenêtres ; à chacune d’elles paraît un Gnome. Sur le balcon du milieu se tient le Roi avec une couronne en tête et le sceptre à la main. De chaque porte s’élance un Gnome (garde du corps ou laquais), riant, criant, sautant autour de Paul, à quelque distance. Tous les arbres s’inclinent avec un grand frémissement. Paul, ébloui, reste debout en face du château.


Scène IV.

Les Précédents, LE ROI DES GNOMES.
Le Roi des gnomes, à son balcon, d’une voix haute et ironique.

Ah ! maître sensible ! Ah ! cœur exempt de souillures ! Toi qui abandonnes ton serviteur et qui te crois appelé à sauver le genre humain, tu as failli deux fois en deux minutes, par égoïsme et par orgueil ! Tu es à nous, maintenant.

Paul, dédaigneusement.

Moi ?

Le Roi des gnomes.

Contemple cet arbre, c’est ton domestique lui-même.

Paul.

Grands dieux !

Le Roi des gnomes.

Sous l’écorce où le voilà caché, il conserve le sentiment et la mémoire. Tu vas être comme lui.