Page:Flaubert - Théâtre éd. Conard.djvu/350

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

francs tout de suite ! Nous verrons après ! mon caissier !

Letourneux.

Mais vous n’y pensez pas, Kloekher.

Kloekher.

Laissez-moi, vous !

Letourneux fait un geste de stupéfaction et de pitié.

Je suis heureux… oui, — écoutez tous ! — heureux de vous avoir là, réunis, pour être témoins d’un acte de… haute justice… non !… (Bas.) de confiance ! Il s’agit d’une restitution ! — qu’est-ce que je dis donc là ? — d’un dépôt sacré !…

Se frappant la poitrine à deux poings.

Imbécile !… oui, tant pis !… je dis bien !… sa… sa… sacré !

Paul, fièrement.

Je ne suis pas venu pour cela, Monsieur !

Kloekher.

N’importe, jeune homme ! Je profite de l’occasion. C’est un fardeau qu’on m’enlève, et, dès ce soir… (lui serrant la main) pas plus tard !

Le bruit de la fête villageoise redouble au dehors.

Ah ! comme ça fait plaisir d’entendre cette gaieté populaire ! Eh ! ce serait doubler notre bonheur que de le partager avec eux. Les pauvres gens ! ils n’ont pas déjà tant de joie tout le long de l’année !…

Criant.

Débouchez le champagne ! Qu’on les fasse entrer ! Ouvrez tout !… Ah ! le beau jour !…

Tout le décor s’éclaire en rose.

Je vois la vie en rose !… Quel beau jour !