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LE SEXE FAIBLE.

ral peut s’en passer ? Ne faut-il pas qu’elle soit là pour le garantir du vent, de la pluie et du soleil, le forcer de mettre sa calotte de peur des rhumes et lui faire avaler son bouillon dès cinq heures, juste ? Il la mène, ou plutôt elle l’escorte partout, si bien qu’au jour de l’an je l’ai rencontré sur le boulevard en train de faire ses visites, côte à côte dans un cabriolet mylord avec sa bonne ; rien de plus folichon que leurs deux profils !

Madame de Mérilhac.

Faiblesse de vieillard ! N’importe ! Il nous a rendu service, un vrai service ; sans lui, M. des Orbières ne serait pas maintenant au pouvoir ; c’est par son influence dans le comité de la Madeleine et les voix de ses vieux compagnons d’armes dont il dispose.

Amédée.

Et où faut-il le placer, notre grand homme ? en face de vous, n’est-ce pas ?

Madame de Mérilhac.

Pourquoi cela, en face ?

Amédée.

Mais… chère tante, sa longue habitude de venir ici tous les jours… l’autorité qu’il y possède… enfin, c’est comme le maître de la maison !

Madame de Mérilhac.

Je n’aime pas ce genre de plaisanteries, tu sais !

Amédée.

Cela va de soi-même, pourtant ! et le rapport de vos deux personnes n’a rien que de naturel. Lui, c’est un homme de tribune et de gouvernement ; vous, vous êtes une femme… académique, diplomatique et politique. Oh ! ne niez pas ! Plus d’une motion impor-