Page:Flaubert - Théâtre éd. Conard.djvu/520

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ne pas oublier tout à fait l’écolier qui est en train de devenir un homme. En attendant, c’est toujours un bon et gentil garçon et j’espère que tu l’aimeras aussi.

Encore une bonne poignée de main de ton amie d’enfance.

Laure Le P. de Maupassant.

OPINION DE LA PRESSE.


Moniteur universel, 16 mars 1874. (Paul de Saint-Victor.)

L’échec est complet, il est mérité ; les périphrases entassées sur les euphémismes n’amortiraient pas la chute du Candidat de M. Flaubert. La pièce est fausse et commune, ennuyeuse et froide, sans mouvement et sans invention, pauvre d’observation et lourde d’esprit ; elle montre des marionnettes et non des figures. Mais ce qu’il faut dire pour être à l’aise en la critiquant, c’est que cet échec n’amoindrit pas d’une ligne l’auteur de Madame Bovary et de Salammbô. L’art du théâtre lui est si évidemment étranger que son talent sort irresponsable et intact de cette tentative avortée. Un grand peintre ne serait point atteint dans sa renommée s’il s’avisait de commettre une mauvaise partition d’opérette bouffe : l’artiste fort jusqu’à l’âpreté, puissant et concentré jusqu’à l’amertume, qui a écrit un des plus grands romans de ce siècle, n’est pas plus diminué par cette caricature dramatique crayonnée dans un mauvais jour. On ne peut ménager la vérité à un écrivain de sa trempe, mais l’admiration reste entière. Le Candidat n’est qu’un accident et ne peut compter pour une œuvre dans la carrière littéraire de M. Flaubert.

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Le Figaro, 14 mars 1874. (Auguste Vitu.)

Je n’aurai pas la naïveté de demander à M. G. Flaubert quels peuvent avoir été ses desseins en écrivant le Candidat. Lorsqu’un enfant a commis quelque sottise, et qu’on l’en gronde, il répond invariablement : « Je ne l’ai pas fait exprès ». C’est là son unique excuse. Or M. G. flaubert n’est plus un enfant et il l’a fait exprès. Donc pas de circonstances atténuantes.

Et d’honneur, le crime est vraiment exceptionnel. Jamais l’ennui, de mémoire d’homme, n’avait été poussé à un tel degré d’intensité. Peut-on siffler quand on bâille ? demandait un critique du dernier siècle. Hier soir on ne bâillait même plus, on dormait. Que dis-je ! ce n’était pas du sommeil, mais un engourdissement