Page:Flaubert - Théâtre éd. Conard.djvu/67

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Murel.

Très bien !

Rousselin.

Et l’application sérieuse du suffrage universel ! Cela vous étonne ? Je suis comme ça, moi ! Notre nouveau préfet qui soutient la réaction, je lui ai écrit trois lettres, en manière d’avertissement ! Oui, Monsieur ! Et je suis capable de le braver en face, de l’insulter ! Vous pouvez dire ça aux ouvriers !

Murel, à part.

Est-ce qu’il parlerait sérieusement ?

Rousselin.

Vous voyez donc qu’en me préférant Gruchet… car, je vous le répète, il se vante d’être soutenu par vous. Il le crie dans toute la ville.

Murel.

Que savez-vous si je vote pour lui ?

Rousselin.

Comment ?

Murel.

Moi, en politique, je ne tiens qu’aux idées ; or les siennes ne m’ont pas l’air d’être aussi progressives que les vôtres. Un moment ! Tout n’est pas fini !

Rousselin.

Non ! tout n’est pas fini ! et on ne sait pas jusqu’où je peux aller, pour plaire aux électeurs. Aussi, je m’étonne d’avoir été méconnu par une intelligence comme la vôtre.

Murel.

Vous me comblez !