Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/138

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avec les Ottomans, repris-je, qu’ils reçoivent des ambassadeurs sans en renvoyer, et que nous ne renvoyons point de nos planètes aux mondes voisins.

À en juger par toutes ces choses, répliqua-t-elle, nous sommes bien fiers. Cependant je ne sais pas trop encore ce que j’en dois croire. Ces planètes étrangères ont un air bien menaçant avec leurs queues et leurs barbes, et peut-être on nous les envoie pour nous insulter ; au lieu que les nôtres qui ne sont pas faites de la même manière, ne seroient pas si propres à se faire craindre, quand elles iroient dans les autres mondes.

Les queues et les barbes, répondis-je, ne sont que de pures apparences. Les planètes étrangères ne diffèrent en rien des nôtres ; mais en entrant dans notre tourbillon elles prennent la queue ou la barbe par une certaine sorte d’illumination qu’elles reçoivent du Soleil, et qui entre nous n’a pas encore été trop bien expliquée, mais toujours on est sûr qu’il ne s’agit que d’une espèce d’illumination ; on la devinera quand on pourra. Je voudrois donc bien, reprit- elle, que notre Saturne allât prendre une queue ou une barbe dans quelque autre tourbillon, et y répandre l’effroi, et qu’ensuite, ayant mis bas cet accompagnement terrible, il revînt se ranger ici avec les autres planètes à ses fonctions ordinaires.