Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/154

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entière ; mais il n’y a que les esprits fins qui sentent le plus ou le moins de certitude ou de vraisemblance, et qui en marquent, pour ainsi dire, les minutes par leur sentiment. Placez les habitants des planètes un peu au-dessous d’Alexandre, mais au-dessus de je ne sais combien de points d’histoire qui ne sont pas tout à fait prouvés, je crois qu’ils seront bien là. J’aime l’ordre, dit-elle, et vous me faites plaisir d’arranger mes idées ; mais pourquoi n’avez-vous pas déjà pris ce soin-là ? Parce que, quand vous croirez les habitants des planètes un peu plus, ou un peu moins qu’ils ne méritent, il n’y aura pas grand mal, répondis-je. Je suis sûr que vous ne croyez pas le mouvement de la Terre autant qu’il devroit être cru, en êtes-vous beaucoup à plaindre ? Oh ! pour cela, reprit-elle, j’en fais bien mon devoir, vous n’avez rien à me reprocher, je crois fermement que la Terre tourne. Je ne vous ai pourtant pas dit la meilleure raison qui le prouve, répliquai-je. Ah ! s’écria-t- elle. C’est une trahison de m’avoir fait croire les choses avec de faibles preuves. Vous ne me jugiez donc pas digne de croire sur de bonnes raisons ? Je ne vous prouvois les choses, répondis-je, qu’avec de petits raisonnemens doux, et accommodés à votre usage ; en eussé-je employé d’aussi