Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/32

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flatte, et son cœur ne laisse pas de s’intéresser à une affaire de pure spéculation. Franchement, répliqua-t-elle, c’est là une calomnie que vous avez inventée contre le genre humain. On n’auroit donc jamais dû recevoir le système de Copernic, puisqu’il est si humiliant. Aussi, repris-je, Copernic lui-même se défiait-il fort du succès de son opinion. Il fut très longtemps à ne la vouloir pas publier. Enfin il s’y résolut, à la prière de gens très-considérables ; mais aussi le jour qu’on lui apporta le premier exemplaire imprimé de son livre, savez-vous ce qu’il fit ? il mourut. Il ne voulut point essuyer toutes les contradictions qu’il pré voyait, et se tira habilement d’affaire. Ecoutez, dit la Marquise, il faut rendre justice à tout le monde. Il est sûr qu’on a de la peine à s’imaginer qu’on tourne autour du Soleil ; car enfin on ne change point de place, et on se retrouve toujours le matin où l’on s’étoit couché le soir. Je vois, ce me semble, à votre air, que vous m’allez dire que comme la Terre tout entière marche....... Assurément, interrompis-je, c’est la même chose que si vous vous endormiez dans un bateau qui allât sur la rivière, vous vous retrouveriez à votre réveil dans la même place et dans la même situation à l’égard de toutes les parties du bateau. Oui, mais, répliqua-t-elle, voici une différence, je trouverois