Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/47

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par lui-même, et en vertu d’une nature particulière qu’il a ; mais les planètes n’éclairent que parce qu’elles sont éclairées de lui. Il envoie sa lumière à la lune, elle nous la renvoie, et il faut que la Terre renvoie aussi à la lune la lumière du soleil ; il n’y a pas plus loin de la terre à la Lune, que de la lune à la terre.

Mais, dit la Marquise, la terre est-elle aussi propre que la lune à renvoyer la lumière du soleil ? Je vous vois toujours, pour la lune, repris-je, un reste d’estime dont vous ne sauriez vous défaire. La lumière est composée de petites balles qui bondissent sur ce qui est solide, et retournent d’un autre côté, au lieu qu’elles passent au travers de ce qui leur présente des ouvertures en ligne droite, comme l’air ou le verre. Ainsi ce qui fait que la lune nous éclaire, c’est qu’elle est un corps dur et solide, qui nous renvoie ces petites balles. Or je crois que vous ne contesterez pas à la terre cette même dureté et cette même solidité. Admirez donc ce que c’est que d’être posté avantageusement. Parce que la lune est éloignée de nous, nous ne la voyons que comme un corps lumineux, et nous ignorons que ce soit une grosse masse semblable à la terre. Au contraire, parce que la terre a le malheur que nous la