Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/72

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changeroient de place, ou s’assembleroient diversement, ou disparaîtroient tout à fait. On verroit donc aussi ces mêmes changemens sur la surface de la lune, si elle avoit des nuages autour d’elle ; mais tout au contraire, toutes ses taches sont fixes, ses endroits lumineux le sont toujours, et voilà le malheur. À ce compte-là, le soleil n’élève point de vapeurs, ni d’exhalaisons de dessus la lune. C’est donc un corps infiniment plus dur et plus solide que notre terre, dont les parties les plus subtiles se dégagent aisément d’avec les autres, et montent en haut dès qu’elles sont mises en mouvement par la chaleur. Il faut que ce soit quelque amas de rochers et de marbres où il ne se fait point d’évaporations ; d’ailleurs, elles se font si naturellement et si nécessairement, où il y a des eaux, qu’il ne doit point y avoir d’eaux où il ne s’en fait point. Qui sont donc les habitants de ces rochers qui ne peuvent rien produire, et de ce pays qui n’a point d’eaux ? Et quoi, s’écria-t-elle, il ne vous souvient plus que vous m’avez assurée qu’il y avoit dans la lune des mers que l’on distinguoit d’ici ? Ce n’est qu’une conjecture, répondis-je, j’en suis bien fâché ; ces endroits obscurs, qu’on prend pour des mers, ne sont peut-être que de grandes cavités. De la distance où nous sommes, il est permis de ne pas deviner tout à fait