Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/93

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il est vrai qu’ils n’y ont pas beaucoup de mérite, ils sont tous stériles, point de sexe chez eux. Mais, interrompit la Marquise, n’avez-vous point soupçonné qu’on se moquoit en vous faisant cette belle relation ? Comment la nation se perpétuerait-elle ? On ne s’est point moqué, repris-je d’un grand sang-froid, tout ce que je vous dis est certain, et la nation se perpétue. Ils ont une reine, qui ne les mène point à la guerre, qui ne paraît guère se mêler des affaires de l’État, et dont toute la royauté consiste en ce qu’elle est féconde, mais d’une fécondité étonnante. Elle fait des milliers d’enfants, aussi ne fait-elle autre chose. Elle a un grand palais, partagé en une infinité de chambres, qui ont toutes un berceau préparé pour un petit prince, et elle va accoucher dans chacune de ces chambres l’une après l’autre, toujours accompagnée d’une grosse cour, qui lui applaudit sur ce noble privilège, dont elle jouit à l’exclusion de tout son peuple.

Je vous entends, Madame, sans que vous parliez. Vous demandez où elle a pris des amants ou, pour parler plus honnêtement, des maris. Il y a des reines en Orient et en Afrique, qui ont publiquement des sérails d’hommes, celle-ci apparemment en a un, mais elle en fait grand mystère, et si c’est marquer plus de pudeur, c’est aussi agir avec moins