Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes.djvu/80

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l’apôtre & le paladin. Comme Astolphe n’étoit pas grand philosophe, il fut fort surpris de voir la Lune beaucoup plus grande qu’elle ne lui avoit paru de dessus la terre. Il fut bien plus surpris encore de voir d’autres fleuves d’autres lacs, d’autres montagnes, d’autres villes, d’autres forêts et, ce qui m’auroit bien surpris aussi, des nymphes qui chassoient dans ces forêts. Mais ce qu’il vit de plus rare dans la Lune, c’étoit un vallon, où se trouvoit tout ce qui se perdoit sur la terre de quelque espèce que ce fût, & les couronnes & les richesses & la renommée, & une infinité d’espérances, & le temps qu’on donne au jeu, & les aumônes qu’on fait faire après sa mort, & les vers qu’on présente aux princes, & les soupirs des amants.

Pour les soupirs des amants, interrompit la Marquise, je ne sais pas si du temps de l’Arioste ils étoient perdus ; mais en ce temps-ci, je n’en connois