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CHAPITRE II


le vrai comme volonté de puissance.



Nietzsche rejette « la connaissance pure, la connaissance immaculée », la connaissance contemplative, où il ne voit qu’hypocrisie. Pour lui, la vraie connaissance est pratique et agissante : elle est désir de créer, elle est amour fécond, qui veut élever jusqu’à soi. Cette idée inspire à Nietzsche de superbes pages[1].

« En vérité, vous n’aimez pas la terre comme des créateurs, des générateurs, joyeux de créer !

« Où y a-t-il de l’innocence ? Où il y a la volonté d’engendrer. Et celui qui veut créer au-dessus de lui-même, celui-là a pour moi la volonté la plus pure.

« Où y a-t-il de la beauté ? Là où il faut que je veuille de toute ma volonté ; où je veux aimer et disparaître, afin qu’une image ne reste pas seulement image.

« Aimer et disparaître, c’est ce qui s’accorde depuis des éternités. Vouloir aimer, c’est aussi être prêt à la mort.

« Déjà l’aurore monte ardente. Son amour pour la terre approche ! Tout amour de soleil est innocence et désir de créateur.

« Regardez donc comme l’aurore passe impatiente sur la mer ! Ne sentez-vous pas la soif et la chaude haleine de son amour ?

  1. Ainsi parla Zarathoustra, tr. fr., p. 150.