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De poèmes en fleur un essaim se révèle,
Plein de jeunes frissons et de fraîcheur nouvelle,
Adieu le faux éclat des idylles d’antan !
La légende moderne au corsage tentant,
Ouvrant l’aile au milieu de blanches silhouettes,
Prend son vol sur ces bords ; haut les cœurs, ô poètes !
Et La Salle, charmé, contemple en souriant
Cet éden où viendra rêver Châteaubriand !

Plus tard, sur des vaisseaux de France — triste épreuve —
La Salle cherche en vain la bouche du grand fleuve.
Battu par la tempête, envié des jaloux
— Les lions sont parfois tracassés par les loups —
Entouré de périls qu’il brave tête haute,
Avec deux cents colons il se jette à la côte.
Pour atteindre son but il veut tout affronter ;
Deux ans contre le sort on le voit s’arc-bouter,
Et corps à corps lutter avec l’inexorable ;
Révoltes, guet-apens, misère inénarrable ;
L’Indien au dehors, les fièvres au dedans ;
La trahison dans l’ombre ouvrant ses yeux ardents ;