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Pour reprendre à l’Anglais ces postes importants,
Il fallait prévenir les secours du printemps.
Et c’est ce groupe fier, avec son chef en tête,
Qu’on voit marcher ainsi le front dans la tempête.
 
Sans un sentier battu, sans guides, sans jalons,
Ils franchissent les gués, les ravins, les vallons ;
Précipice ou torrent, forêt ou fondrière,
Rien ne peut entraver leur course aventurière ;
Les canots sur l’épaule et la raquette aux pieds,
Ces fiers coureurs des bois, ces chasseurs, ces troupiers,
Trainant munitions, bagage, armes et vivres,
Courbés sous la courroie et tout couverts de givres,
Semblaient, dans les brouillards de ce ciel nébuleux,
Les fantômes errants d’un monde fabuleux.
Les semaines, les mois s’écoulent ; les débâcles
À l’expédition offrent d’autres obstacles.
Les rayons du soleil, de plus en plus troublants,
Ont sur le sol blanchi des reflets aveuglants ;
Puis le verglas fangeux que le printemps fait fondre
Change en marais glacé la route qui s’effondre…