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Dans ce sol primitif le soc de sa charrue.
Et si, l’été suivant, l’herbe poussait plus drue
Dans quelque coin du pré, l’on jugeait du regard
Qu’un cadavre iroquois dormait là quelque part.

Un jour, d’affreux forbans une bande hagarde,
Auprès d’un petit fort que personne ne garde,
Barbares altérés de pillage et de sang,
S’élance tout à coup des fourrés, en poussant
Je ne sais quel horrible et strident cri de guerre.

Les habitants du fort, qui ne soupçonnaient guère
Le farouche Iroquois embusqué si près d’eux,
Croyant pouvoir courir ce risque hasardeux,
Pour travailler aux champs, avaient eu l’imprudence
De laisser tout un jour leurs logis sans défense,
Et voilà que le fruit de dix ans de sueurs
Va tomber au pouvoir de ces lâches tueurs.