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Bien plus, ce même Jogue, indomptable nature,
Après mainte agonie au poteau de torture,
Réussit par miracle à tromper ses bourreaux ;
Mais, perclus, mutilé, vers ces lieux où l’attire
La soif du sacrifice ou l’amour du martyre,
Il revient mourir en héros.

Et puis, à chaque instant, nouvelles découvertes !
Jour après jour, ce sont d’autres routes ouvertes
À travers la savane ou les fourrés épais ;
Et l’homme primitif, que tant de zèle touche,
Devenu par degrés moins sombre et moins farouche,
Offre le calumet de paix.

De nouveaux dévoûments ces preux toujours en quête,
Cent ans marchent ainsi de conquête en conquête,
Distribuant l’aurore à toute cette nuit…
Et l’Europe applaudit ces sublimes cohortes
Qui d’un monde inconnu brisent ainsi les portes
Devant le progrès qui les suit.