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GUIDE DU BON SENS

Quand nous accusons les femmes de manquer de bon sens, c’est beaucoup par représailles, et parce que nous avons constaté tout penauds que, neuf fois sur dix, c’est pour elles, à cause d’elles, sinon à leur instigation, que le bon sens nous quitte, nous les hommes.

Le bon sens est un trésor de famille à l’égard duquel l’homme et la femme ont une responsabilité égale et dont tous deux connaissent également le prix. Or ils semblent, devant ce trésor, précisément revenus devant la pomme du Paradis : la femme met son orgueil à le dilapider, pour entraîner l’homme dans sa ruine ; et la sottise de l’homme est de se laisser entraîner complaisamment, sans résistance.

Nous ne nous lasserons pas de répéter, en effet, que le bon sens n’a d’autres ennemis, de pires ennemis, que l’orgueil et que la sottise, et que, sans la tyrannique intervention de celle-ci et de celui-là, nous userions tous de notre bon sens de la façon la plus naturelle, sans même qu’il soit besoin ni question de le remarquer.

Oui, la femme a du bon sens, ni plus ni moins que l’homme, mais tout autant ; la femme a du bon sens mais plus d’orgueil que de bon sens, et un orgueil qui, pour la majeure partie, s’accroît de la sottise de l’homme.

C’est pourquoi le cas du ménage Barbe-Bleue est extrêmement rare, où c’est la femme qui se montre une sotte, une pauvre sotte, de