Page:Furetière - Le Roman bourgeois.djvu/111

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bien-tost connues par la ville, de sorte qu’on ne parloit en tous lieux que de son soupper, qui, par ce moyen, fut mis en reputation.

Or, comme il ne vouloit pas perdre cette dépense, cela fit qu’il resolut, pendant ce temps de bonne chere, de se marier tout de bon. Il se mit donc sur sa bonne mine ; il fit lustrer son chapeau et le remettre en forme ; il mit un peu de poudre sur ses cheveux. Il augmenta sa manchette de deux doigts ; il mit mesme des canons, mais si petits, qu’il sembloit plûtost avoir des bandeaux sur les jambes que des canons. Il fit abattre la haute fustaye de sa barbe et le taillis de ses sourcils. Enfin, à force de soins, il devint un peu moins effroyable qu’auparavant. Une de ses cousines parla aux parents de Javotte, qui estoit du voisinage, de la marier avec cet Adonis, qui avoit tous ses charmes enfermez sous la clef de son coffre. Elle fit bien-tost agréer cette proposition au pere et à la mere, parce qu’elle asseura qu’il avoit beaucoup de bien, et surtout que ce seroit un bon homme de mary, qui ne mangeroit pas son fait ny la dot de sa femme. Mais comme Vollichon estoit plus formaliste, il dit qu’il vouloit voir plus precisément en quoy consistoient ses effets, et il luy en fit demander le memoire pour s’en informer. Be-


qu’un pour un repas et surtout pour un bal. Cela venoit de ce que les dames, qui souvent alors donnoient à danser et payoient les violons, c’est le mot, engageoient leurs cavaliers à la danse en leur présentant un bouquet. Il en étoit ainsi sous Louis XIII. V. Tallemant, t. 8, p. 20 à 25. — Rendre le bouquet, c’étoit s’acquitter, par une invitation pareille, de celle qu’on vous avoit faite.