Page:Furetière - Le Roman bourgeois.djvu/154

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sein de jouir de leurs amours, la difficulté estoit de l’exécuter : car, comme les palais de Thetis et des Nereïdes sont de cristal, et mesme du plus transparent, il ne s’y pouvoit rien faire qui ne fut aperceu d’une infinité de tritons, qui sont les janissaires du dieu marin. Ils furent donc obligez de se donner un rendez-vous aupres de Caribde, où il y a une cascade en forme de gouffre, si dangereuse qu’il n’y passe presque personne. Cependant ils ne purent faire si peu de bruit en faisant leurs petites affaires qu’ils ne fussent entendus de ces chiens que Scille nourit pres de là (car c’est en cet endroit qu’est le chenil de Neptune.) Dès que l’un eust aboyé, tous les autres en firent autant, et par cette belle musique Scille fust bien-tost esveillée, aussi bien qu’un Triton jaloux, endormy à ses costez. Elle voulut en mesme temps sçavoir la cause de ce bruit, croyant que ses chiens aboyoient apres quelques voleurs qui venoient ravir les grands trésors qu’elle a amassez du debris des naufrages qui se font ordinairement sur sa seigneurie. Ces malheureux amans furent ainsi pris sur le fait ; la pauvre Nereïde en fut fort honteuse, et devint plus rouge qu’une escrevisse et plus muette qu’une carpe. Or comme les petits officiers portent toûjours envie aux grands et taschent de se mettre en credit en les destruisant, ce Triton, qui avoit la dent un peu ve-


dit Brienne (Mémoires, t. 2, p. 212) pour avoir la satisfaction de coucher une nuit avec une duchesse, qui refusa, dit-on, les cent mille écus que le surintendant lui fit porter. Il se rabattit sur Menneville, fille d’honneur de la reine-mère, en rabattant aussi de moitié pour la somme, puisqu’il ne lui donna que 150,000 livres. »