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Histoire de Charroselles60, de Collantine et de Belastre.

Charroselles ne vouloit point passer pour autheur, quoy que ce fust la seule qualité qui le rendist recommandable, et qui l’eust fait connoistre dans le monde. Je ne sçay si quel-


60. Les clefs, notamment celle de l’édit. de Nancy (1713, in-12), page 193, nous disent que Charroselles n’est autre que Charles Sorel, auteur de la Science universelle, du Berger extravagant, de la Bibliothèque françoise, de Francion, etc., et il est en effet facile de voir que le nom de l’un est l’anagramme de celui de l’autre. Toutefois, faute d’autres preuves, on doutoit encore que l’intention de Furetière eût été de peindre aussi au vif et presque en le nommant un homme qui vivoit encore lors de la première édition du Roman bourgeois. Sorel ne mourut qu’en 1674. Un passage d’une lettre de Gui Patin (25 novembre 1653) est venu détruire ce doute pour nous. En comparant ce qu’il y est dit de Ch. Sorel avec le portrait détaillé que Furetière fait de Charroselles, nous avons acquis la preuve qu’il y a entre les deux identité complète. Nous le ferons voir, du reste, en citant, au fur et à mesure que les détails du portrait dessiné par Furetière se présenteront, les phrases de Gui Patin qui correspondent et établissent la ressemblance. — Une chose reste à connoître après cela, c’est le motif de la haine qui envenime cette satire. Furetière ne l’avoit pas toujours éprouvée contre Sorel, et celui-ci, de son côté, ne semble s’être jamais montré hostile à l’auteur du Roman bourgeois. En 1658, ayant à parler de Sorel dans sa Nouvelle allégorique, etc., p. 38, Furetière s’étoit exprimé sur lui en bons termes. À l’entendre alors, c’étoit un auteur « d’excellents livres satiriques et