Page:Furetière - Le Roman bourgeois.djvu/272

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sols pour son escot. Dont ledit Prud’homeau a declaré estre appelant, et de fait a appelé et a requis acte à moy greffier sous-signe, qui luy a esté octroyé. Donné à ...... le 24 septembre 1644.

Cette piece, qu’on a rapportée en propres termes et en langage chicanourois, pour estre plus authentique, est assez suffisante pour establir la verité que quelques envieux voudroient contester à cette histoire : apres quoy on ne sçauroit rien dire qui puisse mieux monstrer le caractere et la suffisance de Belastre. C’estoit donc un digne objet des satyres et railleries publiques et particulieres ; mais ce ne fut pas là son plus grand malheur : il se fut bien garenty des escrits et des pointes des autheurs, et il ne le put faire des exploits et de la chicane de Collantine. Malheureusement pour luy, elle eut un procès en sa justice contre un teinturier, où il ne s’agissoit au plus que de trente sous. Elle n’en eut pas satisfaction, ce qui la mit tant en colere, qu’elle le menaça en plein siege qu’il s’en repentiroit ; et comme elle ne cherchoit que noises et procès, elle alla fueilleter ses papiers, où elle trouva qu’autrefois il avoit esté deub quelque chose sur la charge de Belastre à quelqu’un de ses parens ; mais la poursuite de cette debte avoit esté abandonnée, parce qu’un si grand nombre de creanciers avoient saisi ce qui luy en pouvoit revenir, qu’ils en auroient absorbé le fonds quand il auroit esté dix fois plus grand.

Quoy qu’elle n’y eust donc aucun veritable interest, elle se mit à la teste de toutes les parties de Belastre, qui commençoient des-ja à l’attaquer, mais foiblement, ayant peur de sa qualité de juge, et elle fit tant de bruit