Page:Furetière - Le Roman bourgeois.djvu/280

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ponse qu’elle y fit (car elle a déclaré depuis y avoir répondu) fut perduë, d’autant que, comme elle n’avoit point de laquais, elle se contenta de mettre sa lettre dans de certaines boëstes105 qui estoient lors nouvellement attachées à tous les coins des ruës, pour faire tenir des lettres de Paris à Paris, sur lesquelles le ciel versa de si malheureuses influences que jamais aucune


105. C’est l’invention de la petite poste. Loret en parle, mais sans nous dire, comme Furetière, quel en fut le malencontreux résultat. Voici ce qu’il écrivoit, sous la date du 13 août 1653, au livre 4, p. 95, de sa Muse historique :

On va bientôt mettre en pratique,
Pour la commodité publique,
Un certain établissement
(Mais c’est pour Paris seulement)
De boîtes nombreuses et drues
Aux petites et grandes rues,
Où, par soi-même ou son laquais,
On pourra porter des paquets,
Et dedans, à toute heure, mettre
Avis, billet, missive ou lettre,
Que des gens commis pour cela
Iront chercher et prendre là,
Pour, d’une diligence habile,
Les porter par toute la ville…
Et si l’on veut savoir combien
Coûtera le port d’une lettre,
(Chose qu’il ne faut pas obmettre)
Afin que nul n’y soit trompé,
Ce ne sera qu’un sou tapé…

Un siècle après, l’utile et malheureux établissement de 1653 étoit si bien oublié, que, M. de Chamousset l’ayant remis sur pied, on lui en fit honneur comme s’il étoit le premier qui en eût eu l’idée. V. Mémoires secrets, 28 avril 1773, t. 6, p. 363–364.