Page:Furetière - Le Roman bourgeois.djvu/282

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dans les formes. Mais comme sa temerité ne le porta pas d’abord jusqu’à en vouloir faire de son chef (veu qu’il ne sçavoit par où s’y prendre) et qu’il n’avoit personne à qui il pust commander d’en faire exprès, ou plustost qu’il n’avoit pas dequoy les payer, ce qui est le plus important, et qui n’appartient qu’aux grands seigneurs, il trouva ce milieu commode de dérober dans quelque livre ceux qu’il trouveroit les plus propres pour son dessein, et de les défigurer en y changeant quelque chose, afin de les faire passer pour siens plus aisément. Au reste, parce qu’on auroit facilement découvert son larcin s’il l’eust fait dans quelqu’un de ces nouveaux autheurs qui sont journellemant dans les mains de tout le monde, son soin principal fut de cher-


plus directement la phrase de Furetière, et qui pourroit même en procéder réellement. Les Plaideurs, en effet, ne sont que de 1668.

N’avez vous jamais iDandin.
N’avez vous jamais vu donner la question ?

Non, et ne le verrai, Isabelle.
Non, et ne le verrai, que je crois, de ma vie.

N’avez vous jamais iDandin.
Venez, je vous en veux faire passer l’envie.

Venez, je vous en veux faire p(Acte 3, sc. 4.)

Du reste, les similitudes de traits et de scènes qui peuvent exister entre les Plaideurs et le Roman bourgeois ne doivent pas étonner. Furetière étoit de la société des gais buveurs qui se réunissoient au Mouton du cimetière Saint-Jean, et au milieu de laquelle naquit et grandit peu à peu la comédie de Racine. Louis Racine, dans ses Mémoires sur son père (page 74), avoue lui-même indirectement cette collaboration de la spirituelle compagnie.