Page:Furetière - Le Roman bourgeois.djvu/309

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mois, par semaines et par jours, tout de mesme qu’un calendrier. De sorte qu’en la mesme maniere que les pauvres prestres vont demander leurs messes le samedy à Nostre-Dame, le lundy au Saint-Esprit, le vendredy à Sainte-Geneviefve, de mesme il assignoit ses repas à certains jours chez certains grands, le lundy chez tel intendant, le mardy chez tel prelat, le mercredy chez tel president, et ainsi il subsistoit toute l’année, jusques là qu’il avoit marqué subsidiairement, et en cas de besoin, pour son pis aller, les auberges allemandes et françoises.

Voila qui suffit (dit Charroselles) pour nous donner l’intelligence de tout l’ouvrage, sur lequel, sans l’avoir veu, je pourrois bien faire des illustrations et des commentaires. Car je me doute bien que pour faire un almanach parfait, il y avoit bien des jeusnes et des jours maigres marquez, et peut estre plus qu’il n’en est observé dans l’Eglise. Je crois bien aussi que pour le pronostique qu’on a coustume d’y mettre à chaque lunation, on pouvoit souvent y escrire : grandeur de famine, secheresse d’amis, table rompüe, etc., prédiction plus claire et plus certaine que celle de Jean Petit et de Mathurin Questier114. Je m’imagine encore qu’il pouvoit


114. C’étoient deux de ces pauvres diables de prophètes, si nombreux alors, que Louis XIV fut obligé de donner, en 1682, une déclaration sous forme d’édit portant peine de bannissement contre les astrologues, devins, magiciens et enchanteurs. V. Esprit des journaux, mai 1789, p. 267. Il est parlé de Petit et de Questier, comme astrologues, dans plusieurs mazarinades. Questier en fit même quelques unes. V. le Mascurat, p. 194, et C. Moreau, Bibliogr. des Mazarin., t. II, p. 94, nº 1763.