Page:Furetière - Le Roman bourgeois.djvu/8

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antagonistes, ou ne peut s’empêcher de trouver sa modération égale à la verve de son esprit. Les attaques qu’il dirige contre ses adversaires sont, il est vrai, plus mordantes, mais aussi moins scandaleuses, et à part le seul La Fontaine, qu’il accuse de tirer profit des galanteries de sa femme, il est rare qu’il les poursuive dans le secret de la vie privée. « Je n’ay fait, dit-il, aucun reproche à mes parties qui regardât les mœurs ; je ne les accuse pas d’être faussaires, adultères, ny malhonnêtes gens…5 », quoique (ajoute-t-il) ce ne soit pas faute de matière, ny de preuves.

Au surplus, l’incertitude et l’obscurité où sont tombées les imputations des deux parties ne laisse pas de tourner à l’avantage de notre auteur, car, s’il est impossible de prouver aujourd’hui que Furetière ait réellement prostitué sa sœur et acquis par simonie ses bénéfices, il n’est pas besoin de preuves pour reconnoître que Lorau, Charpentier, Leclerc, Barbier d’Aucourt, Regnier Desmarais et consorts, étoient les uns des ignorants, les autres de détestables écrivains.

Les témoignages contemporains, qui seuls pourroient nous éclairer sur la véracité des ennemis de Furetière, ne confirment en rien leurs imputations.

Bussy, dans la lettre imprimée à la suite des Factums, et souvent citée depuis, plaint Furetière d’avoir été poussé à de telles extrémités et de n’avoir pu produire sa défense en justice ; il ne fait de réserves qu’en faveur de Benserade, son ami, et de La Fontaine, que Furetière confond dans ses invectives avec leurs collègues de la commission du Dictionnaire.



5. Dernier placet.