Page:Gaboriau - Les Gens de bureau, Dentu, 1877.djvu/40

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Le critique eut presque envie de se fâcher ; mais la barbe noire de Cahusac l’intimidait positivement.

Le mot cependant jeta du froid dans la conversation, et Cahusac se levait déjà pour prendre son chapeau, quand la sortie du théâtre fit affluer dans le café un dernier ban de consommateurs.

Parmi eux, l’œil de lynx de Greluchet distingua, non, devina l’ami Romain Caldas. – « La bière est payée, pensa-t-il, merci, mon Dieu ! » Et se dressant sur ses maigres jambes, il héla le sauveteur. Du même coup, il fit apporter un moos.

Le trop confiant Romain vint s’asseoir à la table des deux bohêmes.

— Quel succès ! dit-il ; au dénoûment on nous a servi l’auteur.

Greluchet n’était pas à la conversation ; il admirait les beaux habits de Caldas…

— Ah çà ! te voilà vêtu comme feu Gandin, dit-il avec envie ; il y a donc de l’or, au Bilboquet ?

— Pas trop, dit Romain, mais j’ai la confiance d’un tailleur.

— Un tailleur à tomber, interrompit Cahusac, je demande son adresse.