Page:Gaboriau - Les Gens de bureau, Dentu, 1877.djvu/50

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Qu’en restait-il à cette heure ? une vague senteur ambrée dans sa chambre de garçon, une épingle noire sur sa cheminée.

Un espoir survivait chez lui, et c’est avec un battement de cœur qu’en passant devant la loge de sa portière il lui jeta ces mots :

— Avez-vous une lettre pour moi ?

La portière haussa les épaules avec mépris.

— C’est fini, se dit-il, je ne dois plus compter sur mon père.

Et serrant d’un cran la boucle de son pantalon, il courut au ministère.

M. Ganivet, son chef de bureau, l’attendait ; même il avait gardé son habit noir pour cette solennité : d’ordinaire, pour abattre de la besogne, il se met en manche de chemise.

Caldas n’avait jamais vu un homme aussi poli que M. Ganivet : poli est trop peu dire ; son geste moelleux, sa voix de miel, l’onction de son sourire, en font l’incarnation vivante de cette formule stéréotypée : « J’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur. »

Mais cette urbanité perpétuelle n’est aussi qu’une