Page:Gaboriau - Les Gens de bureau, Dentu, 1877.djvu/56

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ment ; sa chaise roula à trois pas, et, du coup, il fut atteint par les pincettes.

Ma foi, la moutarde lui monta au nez ; il saisit un plumeau et se rangea du côté de l’homme au pupitre, qui, grimpé sur une table, se défendait courageusement.

Caldas tapait comme un sourd, et le vacarme redoublait.

Tout à coup la porte s’ouvrit ; un quatrième monsieur entra.

C’était un petit homme sec, jaune, bilieux, à l’œil cave. Comme on était au lundi, il était rasé de frais.

M. Rafflard (tel était son nom) ne se fait raser que tous les dimanches. M. Rafflard s’enrhume facilement ; c’est pourquoi il porte des chaussons fourrés et une calotte ; il y a même une plaisanterie de tradition à ce sujet dans le neuvième bureau : tous les ans, au 1er janvier, les collègues de M. Rafflard lui offrent une calotte de velours ; il s’est fâché la première année, depuis il s’est fait à ce cadeau, peut-être même se fâcherait-il si on négligeait cette prévenance.

Malheureusement on ne lui donne pas de paletot pour remplacer celui qu’il porte à son bureau depuis l’année du retour des cendres ; ce paletot a juste deux ans de