Page:Gautier - En Chine, Les arts graphiques, 1911.djvu/43

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sans que les Chinois aient osé décider lequel surpasse l’autre Lorsque deux aigles ont pris leur essor, disent-ils, et s’élèvent à perte de vue, qui donc pourrait reconnaître lequel des deux a volé le plus près du ciel ?

Thou-Fou naquit à King-Tcheou, dans la province de Chen-Si (montagne occidentale) ses parents étaient fort pauvres, mais remarquant chez leur fils une intelligence peu commune, ils l’envoyèrent néanmoins aux écoles. Thou-Fou obtint le grade de bachelier, puis celui de licencié, puis il échoua au doctorat. Il ne s’obstina pas à courir une seconde fois la chance du concours, et se laissa aller à la passion qui l’entrainait vers la poésie.

L’envergure de son esprit lui permit d’embrasser tous les genres à la fois : Il fût, disent les Chinois, « éloquent, sublime, délicat, brillant. » Il aimait la nature par dessus tout, et son plus grand bonheur était de la chanter. Avec moins d’étrangeté, moins d’imprévus, les poésies de Thou-Fou sont presque aussi pittoresques que celles de Li-Tai-Pé, le grand ami qu’il proclamait son maître elles sont plus aisément traduisibles ayant plus de naturel, de tendresse compatissante, d’émotion devant les douleurs de l’humanité. Lisez ce poème qui est un de ses meilleurs

LE BEAU PALAIS DE JADE

En faisant mille circuits, le ruisseau court, sous les sapins, entre lesquels le vent s’allonge. Les rats gris s’enfuient vers les vieilles tuiles. À quel roi f ût ce palais, on ne le sait plus. Le