Page:Gautier - En Chine, Les arts graphiques, 1911.djvu/73

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sommolence procurée au patient. Dans cet état, sa tête. appesantié( se laisse balloter en tous sens, elle obéit aux mouvements du barbier, qui d’une main prompte. y promène son rasoir triangulaire, au large dos fort lourd et d’autant plus-facile à manier sous les éclairs d’acier qu’il jette au soleil, le crâne devient d’une blancheur parfaite et prend les apparences d’une boule d’ivoire. On passe ensuite à la toilette de la natte, dont les Chinois prennent un grand soin, oubliant que c’est un signe de servitude, et que plusieurs milliers de leurs ancêtres, lorsque fut rendu, en i62o, l’édit qui ordonnait à tous les Chinois, sous peine de mort,. d’adopter la coiffure tartare, préférèrent porter leur tête sous le glaive du bourreau, que de la confier au rasoir du barbier. On la lave, on la parfume, on la tresse serrée, cette natte qui a fait tant de victimes, et à laquelle on est si bien accoutumé aujou, d’hui. C’est d’ailleurs, il faut le reconnaître, un appendice fort utile, et qui rend les services les plus imprévus le domestique s’en sert pour épousseter les meubles, le maître d’école en donne sur les doigts à ses élèves récalcitrants, l’ânier n’a pas d’autre fouet pour émoustiller sa bête, l’homme lassé de l’existence n’a pas besoin de chercher d’autre corde pour se pendre c’est cette natte qu’empoigne le barbier pour maintenir l’opéré dans la bonne position c’est elle enfin que le bourreau saisit pour décapiter le condamné. Elle n’est gênante que pour le travailleur, qui est obligé de l’enrouler autour de son crâne.

Nous prenions d’abord le personnage coiffe d’un. tu : ban, qui fait suite à l’homme. des champs ; pour