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ISOLINE

— « Tu ne t’en viens donc pas aujourd’hui ?

— Si bien ! il est encore temps.

— La marée n’attend pas.

— Tout de même ! le vent est bon, on marchera. »

Et on se serre encore, les uns s’asseyent sur le rebord du bateau, d’autres se tiennent debout.

— « En route ! » cria enfin le patron, que rien dans son costume ne distingue de ses compagnons.

La voile est hissée par dessus les têtes qui se baissent, une grossière voile carrée qui se déploie lentement.

Mais au moment où une pesée sur la gaffe va éloigner du quai la lourde barque, des pas pressés résonnent sur les pavés et deux personnes dévalent de la ville : l’une est un prêtre qui fait des signaux véhéments à l’embarcation prête à s’éloigner ; l’autre, un jeune officier de marine suivi d’un matelot portant une malle sur l’épaule et à la main une valise.

Ceux-ci se dirigent vers un joli sloop qui appareille au bord du quai, tandis que la barque se rapproche, répondant aux appels du prêtre :

— « Il n’était que temps, monsieur l’abbé.