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ISOLINE

enfant extraordinaire ? dit l’officier en s’approchant de la porte, pour tâcher de voir encore la fugitive.

— Ah ! certes, il n’y en a pas deux comme celle-là, dit la paysanne avec un hochement de tête ; elle est méchante et bonne, sage et folle, c’est une belle plante sauvage remplie d’épines.

— Qui est-ce ? Ce n’est pas une paysanne, demanda Gilbert, qui vint se rasseoir les yeux brillant de curiosité.

— C’est Mlle de Kerdréol : vous ne la connaissez pas ?

— Il me semble que ce nom m’est familier.

— Le château de la Conninais, — vous savez, à deux pas d’ici, — est à sa famille.

— Oui, je me souviens ; n’avez-vous pas élevé cette jeune fille ?

— Justement, mon bon Monsieur, avec l’aide d’une belle chèvre blanche ; elle m’a coûté bien des peines ! c’était un démon qu’on adorait. Voyez, elle m’apporte du lait tous les jours ; à ce qu’elle dit, c’est bon pour mon mal ; je le bois pour lui faire plaisir ; ce serait du fiel, je le boirais encore ; je n’ai jamais fait que ses volontés.

— Quel âge a-t-elle ?