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ISOLINE

— Vous disiez : c’est une enfant. Mais elle a vingt ans sonnés.

— Comment n’est-elle pas mariée encore ?

— Oh ! elle est bien trop dédaigneuse, tous les gens d’ici lui font hausser les épaules ; ils sont pour elle moins que des chiens. Et puis, sa vie n’est pas celle de tout le monde.

— Je vous en prie, dites-moi ce que vous savez, dit Gilbert, avec un empressement si marqué que Marie leva sur lui un regard inquiet.

— Seigneur ! n’allez pas l’aimer au moins, ce serait vous jeter dans un enfer.

— Ce serait étrange, dit Gilbert en essayant de rire, de prendre feu ainsi comme une poudrière. Il est certain pourtant que je ne m’ennuie plus.

— Vous l’avez vue à peine, ne la revoyez plus, dit Marie.

— Bah ! les marins ne reculent jamais, dit gaiement le jeune homme, je l’ai vue assez pour ne jamais l’oublier. Elle a des yeux qui éblouissent. Voyons, je vous en prie, continuez votre conte de fée.

— Il y avait de bien mauvaises fées à son berceau alors… » dit Marie Damont en soupirant.