Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/154

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— Tu auras raison d’agir ainsi, dit la Kisaki, mais la mort t’épargnera. Je ferai des vœux pour que tu demeures sain et sauf.

Nagato leva vers elle un regard plein de reproches. Il n’osa parler, mais ce regard disait toute sa pensée, il signifiait : « Tu sais bien que la mort me serait plus douce que l’union que tu m’as imposée. »

La Kisaki, émue, détourna la tête et piqua son cheval.

On rentra au Daïri.

Lorsque le mikado apprit la nouvelle de la guerre probable, il parut affligé, mais il se réjouit à part lui : il n’aimait pas le régent, il n’aimait pas davantage le siogoun ; bien qu’il fût leur souverain seigneur, il sentait confusément qu’ils le dominaient, il se savait surveillé par l’un et par l’autre, il les craignait. Il fut donc heureux de songer qu’ils allaient se faire mutuellement le mal qu’il leur souhaitait à tous deux.

Le même jour les envoyés de Fidé-Yori quittèrent Kioto et retournèrent à Osaka.