Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/185

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— Va donc voir, Loo, dit le prince, quel est le nom inscrit sur le poteau fiché au bord du chemin ; si le seigneur dont il annonce le passage est moins noble que moi, nous jetterons le poteau à terre, et, bien que je n’aie pas de cortège, le prince me fera place.

Loo, après avoir cherché un instant des yeux, se mit à courir vers un des poteaux que les seigneurs font planter sur les routes qu’ils doivent parcourir, afin d’indiquer le jour de leur passage.

L’enfant revint bientôt avec une mine stupéfaite.

— C’est toi, maître, qui vas passer par ici, dit-il.

— Comment ? dit le prince.

— C’est écrit sur la planchette, dit Loo « Le tout puissant Ivakoura-Teroumoto-Mori, prince de Nagato, traversera cette contrée le dixième jour de la cinquième lune. »

— Silence, Loo, dit le prince ne t’étonne de rien et sois discret… c’est Sado qui se rend dans mes États, ajouta-t-il à part lui.

— Déjà, dans un léger nuage de poussière, les avant-coureurs du cortège tournaient l’angle de la route.

C’étaient des valets, des scribes, des cuisiniers portant toutes sortes d’ustensiles.

Les matelots s’agenouillèrent au bord du chemin ; le prince se dissimula derrière une haie d’églantiers.

Le premier groupe passa, suivi d’abord par une vingtaine de chevaux chargés de caisses et de paquets enveloppés de cuir rouge, puis par un grand nombre d’hommes portant des piques, des bannières, des glaives, des arcs, des carquois, des parasols.

Une foule de serviteurs s’avança ensuite ; chaque homme portait sur l’épaule un coffre verni qui contenait des vêtements ou quelque objet à l’usage du prince.