Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/205

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paraissaient sur la mer ; ils se rapprochaient, ils se multipliaient.

Harounaga les comptait.

Bien ! bien ! disait-il, la proposition devient acceptable. Debout, soldats ! cria-t-il, prenez les armes, voici une flotte qui nous arrive !

Aussitôt que le mouvement des troupes fut remarqué, les bateaux s’avancèrent vers le rivage. Celui qui portait le prince de Nagato toucha le bord le premier.

Le prince reconnut le général.

— Ah ! c’est ce stupide Harounaga, murmura-t-il.

Loo sauta à terre. Il avait à sa ceinture un sabre magnifique.

— Vingt hommes par embarcation ! cria-t-il. Elles sont quarante, ce qui fera huit cents hommes à chaque traversée.

Le général s’avança.

— Comment ! le prince de Nagato ! s’écria-t-il.

— Je suis ici incognito, dit le prince, toute la gloire de cette aventure te reviendra.

— Un souverain qui s’expose ainsi aux hasards des combats ! fit Harounaga tout surpris.

— Je fais la guerre à ma fantaisie, sans être soumis à personne, et je trouve un certain plaisir dans ces émotions nouvelles.

— Toi, qui n’aimais que les festins ! les fêtes !

— J’aime mieux la guerre aujourd’hui, dit le prince en souriant, je suis changeant.

Des coups de feu et des clameurs confuses se faisaient entendre au loin.

— Qu’est-ce que cela ? dit le général.

— C’est une fausse attaque dirigée de l’autre côté de l’île, pour favoriser le débarquement de tes soldats.