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XVIII


LA PRINCIPAUTÉ DE NAGATO


Fatkoura était partie, avec toute sa maison, tous ses bagages, et une garde d’honneur que lui donnait la reine, à cause des dangers de la route. Elle s’était rendue à Hagui, dans le château de son fiancé.

La jeune femme éprouvait une sorte de joie cruelle au milieu du désespoir de son amour déçu.

— Nous sommes trois malheureux maintenant, disait-elle.

Elle avait consenti à épouser le prince dans une pensée de vengeance. D’ailleurs, pouvait-elle se refuser ? La Kisaki ordonnait, en sacrifiant noblement son amour inavoué ; de plus, tout le monde au palais connaissait les sentiments de Fatkoura pour le prince de Nagato : elle les avait laissé voir audacieusement dans l’orgueil de sa joie, lorsqu’elle se croyait aimée.

Elle quitta la cour précipitamment, lasse de montrer un masque souriant à ses amis, dont les félicitations l’accablaient.