Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/231

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Elle appuya son oreUle sur la poitrine de Fatkoura ; le cœur battait rapidement, mais ses yeux étaient clos, elle était froide et immobile.

— Que faire ? que faire ? disait Tika qui n’osait appeler, sa maîtresse lui ayant défendu de laisser pénétrer près d’elle aucun des serviteurs mis à sa disposition par le prince de Toza.

L’évanouissement dura longtemps. Lorsque Fatkoura rouvrit les yeux, il faisait jour. Elle regarda Tika un instant avec surprise ; mais la mémoire lui revint vite. Elle se leva brusquement.

— Il faut le sauver, Tika s’écria-t-elle avec une surexcitation fiévreuse, il faut le faire sortir de ce château.

— Est-elle devenue folle ? se dit Tika.

— Sortons, continua Fatkoura ; tâchons de savoir dans quelle partie du palais il est enfermé.

— Y songes-tu maîtresse ? à l’heure qu’il est ? le soleil n’a pas encore bu les vapeurs du matin, on se défiera de nous si l’on nous voit nous promener si tôt, d’autant plus que depuis que nous sommes ici tu n’es pas encore sortie une seule fois de ton appartement.

— N’importe, tu diras que la fièvre m’a chassée de mon lit. Allons.

Fatkoura descendit dans le jardin et mit à marcher devant elle, l’herbe était toute mouillée, les arbres, les buissons, baignaient dans une atmosphère rose qui se confondait avec le ciel, les plus hautes toitures de la grande tour du château recevaient déjà les rayons du soleil, et brillaient humides de rosée.

Tika suivait sa maîtresse. Elles arrivèrent à la palissade qui entourait leur enclos particulier, la porte n’était fermée qu’au loquet, les prisonnières étaient libres dans la forteresse bien gardée.