Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/26

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cruelle et volontaire, abaissait ses coins profondément creusés ; ses pommettes étaient extrêmement saillantes, et ses yeux bridés, à fleur de tête, dardaient un regard brusque et sans franchise.

Il jeta en entrant un mauvais coup d’œil, accompagné d’un demi-sourire, vers la place laissée vide par le prince de Nagato. Mais, lorsque le store se releva, le siogoun apparut, s’appuyant d’une main sur l’épaule du jeune conseiller.

Le régent fronça le sourcil.

Tous les assistants se prosternèrent, appuyant leur front contre le sol. Lorsqu’on se releva, le prince de Nagato était à son rang comme les autres.

Fidé-Yori s’assit et fit signe à Hiéyas qu’il pouvait parler.

Alors le régent lut plusieurs rapports peu importants : nominations de magistrats, mouvement de troupes sur la frontière, changement de résidence d’un gouverneur après son règne expiré. Hiéyas expliquait brièvement et avec volubilité les raisons qui l’avaient fait agir. Les conseillers parcouraient des yeux les manuscrits, et, n’ayant pas d’objection à faire, acquiesçaient d’un geste. Mais bientôt le régent ploya tous ces papiers et les remit à un secrétaire placé près de lui ; puis il reprit la parole après avoir toussé.

— J’ai convoqué aujourd’hui cette assemblée extraordinaire, dit-il, afin de lui faire part des craintes que j’ai conçues pour la tranquillité du royaume en apprenant que la surveillance sévère, ordonnée contre les bonzes d’Europe et les Japonais qui ont embrassé la doctrine étrangère, se relâche singulièrement, et que ceux-ci recommencent leurs menées, dangereuses pour la sécurité publique. Je viens donc demander que l’on