Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/263

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pas attaquable par un point quelconque ; en ce cas j’appellerai Harounaga, qui est encore à Soumiossi, et nous essaierons de battre Hiéyas. De toute façon nous tâcherons de surprendre quelques-uns de ses projets.

Déjà les sentinelles avaient signalé les arrivants. Elles crièrent :

— Qui vient là ?

— Des messagers ! répondit Raïden.

— D’où viennent-ils ?

— D’Osaka ; c’est le général Hachisuka qui les envoie.

— Savent-ils le mot de passe ?

Mikava ! cria le matelot.

Un soldat s’approcha avec une lanterne. Alors le prince tira de sa ceinture la plaque de fer sur laquelle était gravées les feuilles de chrysanthème.

— Venez, dit le soldat le maître vous attend avec impatience.

Ils pénétrèrent dans le bois.

Quelques lanternes étaient accrochées aux arbres et abritées du vent par deux boucliers, on marchait sur de la paille, entraînée hors des tentes par les allées et venues.

De loin en loin un soldat tenant une haute lance, le carquois au dos, apparaissait debout et immobile ; derrière les arbres on apercevait sous les tentes entr’ouvertes, d’autres soldats buvant ou dormant. Au delà, le regard se perdait dans une obscurité profonde.

La tente de Hiéyas était dressée au centre d’une clairière que l’on avait taillée carrément comme une chambre puis entourée d’une draperie rouge fixée à des pieux ; sur la tente flottait une grande bannière, tourmentée par le vent ; deux archers s’appuyaient de cha-