Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/264

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que côté de l’ouverture, ménagée dans la première muraille d’étoffe.

On introduisit les messagers.

Hiéyas était assis sur un pliant. Il semblait accablé par l’âge, affaissé sur lui-même, la tête inclinée sur la poitrine, la lèvre inférieure pendante, les yeux larmoyants et las. À voir cette attitude et cette expression d’hébétement, on ne pouvait croire au génie puissant, à la volonté tenace enfermés dans cette enveloppe débile et laide. Cependant l’esprit veillait, lucide et ardent, épuisant le corps, l’accablant de fatigues avec un mépris héroïque.

— Des nouvelles d’Osaka ? dit-il, donnez vite.

On lui remit la lettre, qu’il déploya précipitamment.

Le vent pénétrait jusque sous la tente, agitant la flamme des lanternes accrochées au poteau central. La forêt bruissait violemment et on entendait la mer tombant sur les rivages.

Hiéyas ne laissait rien voir des sentiments qu’il éprouvait en lisant la lettre du général Hachisuka. Il fit signe à quelques chefs présents sous sa tente de s’approcher de lui, et il leur tendit l’écrit.

Puis il se tourna vers les messagers.

— Hachisuka vous a-t-il donné un message verbal outre cette lettre ? dit-il.

Raïden allait répondre lorsque plusieurs hommes entrèrent sous la tente.

— Maître ! cria un soldat, voici d’autres messagers qui arrivent, en même temps, de différents points.

— Bien ! bien ! dit Hiéyas, qu’ils approchent.

L’un des nouveaux venus s’avança et s’agenouilla. Il portait quelque chose sous son manteau.

— Seigneur illustre, dit-il d’une voix ferme et