Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/299

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XXII


LE MIKADO


Kioto échappait donc au danger qu’elle avait couru ; le combat était terminé, les incendies s’éteignaient. La reine, qui avait été emportée par des mains criminelles, au moment où la ville était en proie à la confusion et à l’épouvante, fut ramenée par le prince de Nagato, à travers un peuple ivre de joie. Les maisons, si bien closes quelques heures auparavant, étaient ouvertes toutes grandes ; tout le monde sortait dans les rues ; les habitants causaient avec les soldats ; on roulait dehors des tonneaux de saké, on les effondrait, on chantait, on dansait. On s’était cru mort et l’on se retrouvait vivant. Il y avait de quoi être joyeux : des cris partaient d’une rue ou d’une place ; ils rebondissaient de bouche en bouche et bientôt toute la ville les répétait :

— Gloire au mikado !

— Mort à Hiéyas !

— Malédiction sur sa race !